samedi 2 juillet 2022

Le courage d’une imposture (Geneviève Lefebvre et Marthe Marandola)






Histoire fascinante, vraie et méconnue que celle d'Henriette Faber née à Lausanne vers 1791. Orpheline très jeune, son oncle, colonel de la Grande Armée, l'emmène dans les Campagnes napoléoniennes. Confrontée aux nombreux blessés, c'est la naissance d'une vocation qui ne la quittera plus. La médecine étant interdite aux femmes, elle se métamorphose en homme, devient Henri, pour exercer son art, sous la houlette du grand Larrey, chirurgien en chef de la Garde Impériale. Tour à tour chirurgien de guerre, médecin des pauvres, il soigne inlassablement sans distinction de rang, nationalité, race, sexe. Au cours de ses aventures, Henriette se maria avec un homme qu'elle aimait bien, Henri avec une femme qu'il aima fort. En choisissant Henriette Faber, les autrices ont su rendre hommage à une femme exceptionnelle. Au-delà, elles ont porté un regard ô combien intéressant sur la question de l'identité et du genre, à une époque où celle-ci était bien loin du débat public.




A travers ce roman, c’est la destinée d’Henriette Faber qui nous est narrée. 

Née en 1791 à Lausanne, orpheline très jeune, adoptée par son oncle maternel, officier supérieur dans la Grande Armée de Napoléon, c’est au milieu des soldats et des casernes et campements qu’Henriette grandit. Elle apprend et aime soigner. Cela devient sa vocation, elle veut devenir médecin, mais le métier est strictement interdit aux femmes. 

Grâce à la complicité de son oncle, elle suivra les campagnes dans un habit d’homme. Henri Faber est né. Elle soignera les soldats, les pauvres, amis ou ennemis. Au côté du général Larrey, chirurgien militaire renommé, elle opérera sur les champs de bataille, incorporera l’école de médecine militaire de Paris et obtiendra son diplôme de médecin. Elle participera à la campagne de Russie, sera faite prisonnière en Espagne. Toujours sa vocation de médecin prédominera. 

Tiré de faits réels c’est un destin flamboyant et tourmenté qui nous est raconté. Car Henriette/Henri se marie deux fois comme dit dans le résumé, la première fois avec un homme qu’elle aimait bien et la deuxième fois avec une femme qu’il aimait fort. 

Médecin réputé à Cuba, elle attire les jalousies et rancœurs car elle est surtout antiesclavagiste. L’inquisition espagnole est toujours présente dans les esprits et c’est un procès en imposture qui lui est infligé. Elle a usurpé des habits d’homme et pratiqué la médecine, c’est un sacrilège. 

La révolution française est passé par là, les esprits sont plus ouverts, ses amis l’aident du mieux qu’ils peuvent. 

Je ne vais pas tout vous raconter, c’est un livre que j’ai dévoré, tant ce destin est exceptionnel. Henriqueta Faber de son nom cubain est devenue l’icône de la communauté lesbienne, transgenre ou encore des militants anti-esclavagistes sur son île d’adoption, Cuba. Elle est longtemps restée inconnue en Europe et surtout en Suisse où elle est née. 

Écrit à deux mains, les auteures nous font traverser ce 19ème siècle tout de fureur de la guerre, d’esclavagisme et d’héroïsme. Henriqueta a vécu sa passion, en pratiquant la médecine et en décidant de ne pas vivre comme les autres femmes vivaient en ce siècle, sans prise de décision, soumises aux hommes, subissant la violence. Elle vécut sa vie comme elle l’entendait au service des autres. 

Merci aux Éditions de Borée pour ce très beau livre.

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