VIIe siècle avant Jésus-Christ. Fils de chef promis à un avenir glorieux, un jeune Thrace perd soudain tous les siens dans un véritable massacre. Il est alors vendu comme esclave à une famille d'aristocrates grecs. Une vie, qu'il n'aurait jamais dû vivre et qu'il n'aurait jamais imaginée, commence pour lui... Damalis, deuxième roman de Marie Barthelet, est une véritable épopée. Aventure, fureur et passion sont au rendez-vous.
Un jeune Thrace, fils de chef, est fait prisonnier lors d'une razzia sur son village où sa famille est massacrée. Il est vendu comme esclave à Milet, cité-état de la côte anatolienne, à une famille d'aristocrate émigrée d’Athènes vers Milet où le chef de famille a fait fortune.
A l'unanimité, il est prénommé Damalis.
On assiste à son cheminement psychologique, car la narration se fait principalement par son intermédiaire. Du traumatisme provoqué par sa capture et des sévices encourus, il est marqué au plus profond de lui-même. C'est sa maîtresse qui le prenant en pitié, va lui redonner confiance en le confiant à une hétaïre (courtisane de haut rang très cultivée), qui va lui apprendre l'écriture et la lecture grecque ainsi que les grands auteurs, en faisant de lui un esclave instruit et le rendant indispensable à ses maîtres.
Il est studieux, persévérant et progresse rapidement dans son apprentissage.
Le livre est passionnant car nous découvrons le fonctionnement et la culture grecque d'une cité-état du VIIème siècle.
Le fonctionnement de l'Oïka (la maison, le foyer) avec les maîtres, les esclaves.
L'éducation des enfants (de la langue, aux mathématiques, aux maniement des armes et à la formation civique vis à vis de la cité).
Les us et coutumes, les règles vis à vis des mœurs.
Les guerres des cités entre elles qui malheureusement créent beaucoup de morts et de malheur.
Damalis va devoir apprendre et se fondre dans cette nouvelle culture en sachant que le monde grec est vaste, dispersé, qu'il jouit d'une remarquable unité morale. La communauté est formée sur les liens du sang et surtout sur ceux de la langue, seule usitée et comprise dans les colonies. La connaissance ne peut que lui être profitable pour évoluer dans ce nouveau monde pour lui.
J'ai adoré cette lecture, car elle nous immerge totalement du point de vue bien sûr d'une histoire individuelle et familiale, mais aussi du point de vue de la cité avec son fonctionnement et sa vie.
L'intrigue est bien menée aussi côté action avec les complots, la politique des cités-états, sur le ballet des non-dits, et la main mise des tyrans sur les cités.
Les rapports les uns vis à vis des autres sont très hiérarchisés d'une manière parfois très violentes, mais nous sommes dans la Grèce Antique….
L'écriture de l'auteur est très agréable et soutenue, on a l'impression de naviguer entre réalité et rêve, une touche de fantastique avec une histoire épique et relative aux dieux mais aussi aux relations commerciales et diplomatiques entre les différentes cités.
C'est un bon pavé que j'ai lu d'une traite, prise par l'ambiance de l'histoire et le cheminement dans la société grecque de ce jeune barbare Thrace qui de l'enfance dans son pays d'origine passe à l'âge adulte dans une société très hiérarchisée et cultivée mais toute aussi violente.
Excellent.
Merci à Babelio et aux Éditions Buchet et Chastel pour cette masse critique privilégiée qui m'a permis de m'immerger dans le monde grec antique...
Citation :
"Je sus réciter l'alphabet et associer les lettres pour former de nouveaux sons. Néphê m'apprit à déchiffrer des phrases très simples ….. Elle promit de me conter l'histoire des dieux, de me lire Homère, Hésiode et d'autres poètes de sa connaissance. Qui ne savait un vers d'Homère ne pouvait prétendre être éduqué, pas plus que prétendre être grec. L'idée me plaisait, celle qu'un esclave pût accéder à des connaissances confidentielles, propre à un peuple en particulier. Dérober leur savoir était une revanche sur ma servitude."
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