lundi 18 décembre 2017

La parole est à la défense : l'affaire Eva (Eliane Keramidas)


Biographie de l'auteur :
Eliane Keramidas est avocate au barreau de Marseille depuis plus de trente ans, et spécialiste en droit pénal. Elle a déjà publié, en 2005, Comment faites-vous pour les défendre ?

Article sur l'affaire : 
Justice. Eliane Keramidas publie un roman avec vue sur Cap Canaille.

Une veuve noire qui plus est empoisonneuse. Eva, belle Allemande au parfum slave, accusée de l’assassinat d’un homme d’affaires est l’héroïne du premier roman d’Eliane Keramidas, avocat au barreau de Marseille qui récidive dans l’écriture, quatre ans après la publication d’un livre dont on avait déjà goûté la qualité - « Comment faites-vous pour les défendre ? » 

On se souvient qu’elle y dressait déjà, dans un bel élan littéraire, le portrait de cinq figures criminelles qu’elle avait assistées jusqu’au verdict. On y découvrait son credo, celui qui lui fait porter depuis trente ans sa robe noire de mérinos, convaincue que l’« on peut détester le crime et défendre le criminel ». 

On ne lâche pas si facilement une affaire quand elle est trempée de larmes et de sang, qu’elle a l’amertume de la vengeance, le sel de l’énigme, le goût du désespoir, du repentir parfois quand surgit l’aveu. Un dossier criminel est une bataille qui vous tient en haleine des années, et aucun défenseur ne sort indemne du colloque singulier qui se crée avec son client quand il partage ses peurs, apprivoise ses silences. 

Et c’est ce que l’on entrevoit dans L’affaire Eva : le sillon persistant laissé dans la vie de cette avocate par un dossier hors du commun. Mais de quel crime s’agit-il ? Du cadavre de Mario, carbonisé dans une Jaguar au fond d’un ravin de la route des Crêtes à Cassis. Le financier de haut vol, quelque peu blanchisseur laissait à sa maîtresse une partie de sa fortune.

La femme-orchestre d’un assassinat.

Le récit haletant de l’enquête qui va conduire à la mise en accusation d’Eva, la découverte de poisons, la narration de cette vie, compliquée et si romanesque, évoquent irrésistiblement un autre cadavre, une autre accusée de chair et de sang, un autre dossier bien vrai et retentissant dans lequel l’avocate avait pris part. Il ne serait pas fondamentalement faux de penser qu’il avait pour théâtre les ravins de Roquebrune-Cap-Martin une nuit de janvier 2000 et qu’une Katarina allait être prise dans l’étau judiciaire. Dans ce dossier définitivement clos à Aix en 2005, la femme-orchestre d’un assassinat mené par deux tueurs à gages jamais identifiés était condamnée à 15 ans de réclusion. 


Quelle est la part du vrai, de l’inventé, de l’imaginaire et de l’emprunté, de ce qui fut vrai et de ce qui reste contesté ? Un sentiment cependant : ce roman est - pour plagier Madame de la Fayette - aussi beau que respectueux envers les morts qui y sont intéressés et envers les vivants qui pourraient y prendre part.


DAVID COQUILLE





L'affaire est contée en détails avec un profil dressé pour chaque intervenant. On se rend compte de la difficulté à défendre un "client" innocent. Quelle est la part de vérité et de mensonges dans ses confessions ? 

Et la Justice là-dedans ? Pourquoi veut-elle se "débarrasser" de certaines affaires sans approfondir davantage l'enquête ? 

Cette lecture m'a enchantée, moi qui suis friande d'affaires en tout genre... 


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