Germain Crèvecœur, l'un des plus grands créateurs de chaussures pour femmes du XXe siècle, vient d'être retrouvé pendu. Il lègue à un fils mystérieux tous ses biens, y compris une maison étrange aux murs couverts de souliers féminins et des lettres dans lesquelles le défunt dévoile le roman de sa vie ainsi que ses plus terribles secrets...
Le premier tome de la saga des Crèvecoeur nous racontait l'enfance très particulière de Germain à travers la vie de sa mère Édith et de son père Romain. Dans ce deuxième tome c'est dans une longue lettre ouverte à son fils Raphaël, sorte de journal très intime, que Germain dévoile à son fils sa vie et les choix qu'il fit en quittant Bayeux et la maison familiale.
Ses débuts laborieux, ses petits boulots, toujours à travers l'obsession de la création des chaussures. Petit à petit on voit émerger le talent qui le consume mais aussi une personnalité centrée sur elle-même, à la fois sensible et indifférente à ceux qui l'entourent. Germain est un homme qui ne sait pas aimer, lui même ayant eu une enfance partagée entre haine et amour. Il ne sait pas exprimer ses sentiments vis à vis d'autrui, lui l'enfant solitaire et renfermé est devenu un homme ne sachant s'exprimer qu'à travers son art de la chaussure.
De son installation à Paris dans des petits boulots, à l'entreprise de Félix à Drancy jusqu'à la seconde guerre mondiale, il va se chercher et ne vivre qu'à travers son travail. Les événements de l'époque transformeront l'homme qui n'aura de cesse que de se fuir et de fuir les autres.
Une éclaircie, un soleil, lui laissera croire un moment qu'il peut trouver le bonheur, mais le poids des secrets de la famille Crèvecoeur le rattrapera toujours.
Ce livre est une sorte d'exorcisme de ce que peut faire le culte du secret dans une famille, de génération en génération, les actes des parents suivent les enfants. Et il faut trouver celui qui rompra le cercle, c'est du moins ainsi que je crois comprendre ce que nous laisse entrevoir l'auteur.
Personnellement j'ai eu plus de mal avec ce tome ci que le précédent, c'est la vie d'un homme qui a tout pour réussir mais qui porte sur ses épaules, les vies et les rêves avortés des générations précédentes. Ne rien dire, ne pas aimer car c'est se dévoiler.
Une famille bien complexe ces Crèvecoeur.
J'aurais pu m'attacher à Germain au fil de la lecture, mais ses incessantes remises en question me l'ont montrées comme un homme très égocentrique, veule et lâche, se souciant peu de ceux qui l'entourent. Ce ne sont qu'incessantes fuites en avant qui ne l'amèneront qu'à l'amer constat de son échec personnel et à la transmission d'un héritage de secrets et de non-dits.
Une bien triste vie finalement malgré tous les talents qu'il pouvait avoir.
Merci à Antonia Medeiros de m'avoir fait découvrir le monde de la famille Crèvecoeur.
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