dimanche 3 mars 2019

Le Guépard (Giuseppe Tomasi di Lampedusa)



Le Guépard est avant tout l’histoire d’un homme, Don Fabrizio, l’imposant prince de Salina aux yeux clairs et à la toison couleur de miel, qui trouve refuge dans son observatoire pour s’élever au-dessus des querelles et converser avec les étoiles.

Nous sommes en 1860, Garibaldi vient de débarquer à Palerme, le vent révolutionnaire du Risorgimento agite la Sicile. Don Fabrizio voit se défaire la rigueur de l’ordre ancien et assiste impassible à la ruine de sa classe. Lucide et désenchanté, il s’incline devant la force nouvelle qu’incarne son cher neveu, l’impétueux Tancredi, et c’est avec courtoisie, non sans humour, qu’il demande pour lui la main de la belle Angelica Sedàra, fille de don Calogero dont le grand-père ne savait ni lire ni écrire.



Né en 1896 en Sicile, Giuseppe Tomasi, duc de Palma, prince de Lampedusa, a été militaire avant de se lancer dans l'écriture en publiant deux ouvrages : Le Professeur et la Sirène et Le Guépard. Il meurt en 1958 à Rome.


Pour moi Le Guépard c'était un film (Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale) visionné il y a très longtemps. Dernièrement avec Eric nous cherchions une lecture commune d'un classique et il m'a proposé ce livre. Je ne connaissais pas l'auteur et j'ai accepté avec plaisir.

Nous voici donc partis à la découverte du monde de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Et oui cette histoire est, celle romancée d'un de ses aïeux. Elle commence en 1860 au moment où Garibaldi vient de débarquer à Palerme et que le vent révolutionnaire du Risorgimento agite la Sicile.

"Le Guépard", c'est l'illustration de cette période trouble du Risorgimento, de la fin des nobles en Italie et de l'élévation d'une nouvelle classe forte… et surtout c'est l'histoire d'un homme, aristocrate, chef d'une famille prestigieuse de Sicile : Don Fabrizio Corbera, prince de Salina dit le Guépard.

« En traversant les deux pièces qui précédaient son bureau, il se flatta d'être un Guépard imposant au poil lisse et parfumé qui se préparait à déchiqueter un petit chacal craintif... »

Au titre et à la carrure du livre, je pensais avoir affaire à une fresque historique mais c'est plutôt à une fresque familiale que l'on assiste, plus particulièrement d'un homme qui voit son pays, son monde changer. L'unification de l'Italie, l'arrivée au pouvoir d'un nouveau roi, tout est remis en question. Et c'est avec lucidité qu'il sent que c'est la fin de sa caste, des privilèges des siens et de ses amis. La montée en puissance de la classe bourgeoise les obligent à composer avec les nouveaux parvenus, quitte à marier leurs enfants car c'est eux qui ont l'argent et les nobles le nom qui flatte.
C'est donc un vaste marchandage qui se met en place par des mariages de convenances, sans grand amour et beaucoup d'intérêt financiers et politiques.
Tancredi, le neveu de Don Fabrizio cynique et opportuniste et la belle roturière tout aussi calculatrice, Angelica, la fille du maire de Fortunaga en sont l'illustre image.

On voit un monde à l'agonie, Don Fabrizio le sent et il se découvre seul malgré sa grande famille. C'est un homme brave, fier et sensible qui est déchiré entre son ancien monde et celui qu'il voit poindre.
Sa fille Concetta, pleine de morgue laissera aussi sa chance passée en éconduisant son cousin pour une malheureuse blague. Triste réalité qu'elle regretta plus tard.
Et parmi tous ses personnages il en est un qui m'a beaucoup touché, c'est le père Pirrone, jésuite attaché à la maison Salina en tant que conseiller ecclésiastique. On assiste à un chapitre savoureux quand il règle une affaire familiale personnelle de la plus belle des manières.

L'écriture de Lampédusa est très soutenue, le vocabulaire très travaillé et surtout on y découvre un humour très présent malgré la mélancolie et la tristesse qu'il y a voir un monde s'écrouler. C'est vraiment une époque complexe à la croisée des aspirations de ces hommes, de ces Siciliens tellement à part avec leurs caractères aussi âpre et aride qu'est leur terre. C'est poignant et violent. On ressent toute la Sicile à travers la vie de Don Fabrizio.

J'ai vraiment adoré, j'ai pris mon temps pour lire ce livre, déguster les mots et les phrases et je remercie Eric de m'avoir accompagnée dans cette lecture qui fut pour moi une très belle découverte.


1 commentaire:

  1. C'est un classique en effet! Il y a (trop) longtemps qu'il attend sur ma pile à lire. Un jour, peut-être...

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