lundi 3 février 2020

Tout ce que nous n’avons pas fait (Bruno Veyrès)



Gallina, États-Unis, dans les années 1970. Parti passer l'été aux États-Unis dans la petite ville de son correspondant, au cœur des Rocheuses, un adolescent français est hébergé par une femme qui lui prête la chambre de son fils. Dans cette pièce, Mme Barns conserve les souvenirs de Clive. Il était étudiant quand il a été appelé sous les drapeaux pour servir au Vietnam. Il y est mort au combat. Tous les objets de son quotidien sont là, intacts, et sa courte vie envahit lentement l'esprit du narrateur. Longtemps après, l'adolescent est devenu un homme et il ne lui est plus possible de repousser encore son rendez-vous avec Clive.



L’année 1968, en France est l’heure au bouleversement. 


A Gallina, aux États-Unis, c’est la guerre du Vietnam qui fait irruption dans la petite communauté par l’incorporation de Clive Barns, jeune américain de milieu rural, 19 ans, terminant le lycée et devant rejoindre une université d’État.
De milieu défavorisé, il ne bénéficie pas des soutiens nécessaires pour échapper à la conscription qui va l’emmener à l’autre bout du monde pour une guerre dont il ne veut pas, qu’il n’imagine pas.
Sa vie n’est qu’une succession de faits, de décisions et de choix déjà faits avant sa naissance. Son milieu, son père mort dans un accident de travail transformé en négligence par la volonté de son patron.
Son ami Simon, fils de ce même patron sent déjà l’injustice dans la vie de son copain et le prend en très grande amitié et lui offre de partager son papa car il n’en n’a plus. Preuve d’une très grande amitié qui ne dérogera pas jusqu’au bout.

Livre tout en émotions et déchirures. Une vie simple, des choix compliqués pas bien gérés et tout bascule. On y parle aussi du fossé qui s’est installé à cette époque entre les soldats américains, les vétérans du Vietnam et la population bien-pensante américaine. La plupart de ces jeunes n’avaient rien demandé et pourtant ce sont retrouvés dans l’horreur.
Un livre à l’amour, l’amitié, la tendresse des parents perdus d’avoir perdu leurs enfants.

J’ai été très émue par cette narration, on sent le malaise contenu dans l’histoire de ce jeune homme qui du début n’avait pas les cartes en main et qui n’avait qu’une envie : vivre sa vie simplement comme les autres.
Très beau livre.

Merci à Babelio pour cette masse critique privilégiée.

CITATION :

J’aimais écrire, Monsieur Leenard m’y avait encouragé, mais jamais je n’aurais jamais imaginé l’importance des lettres.
Au Vietnam, il n’y a pas le téléphone, pas là où je suis sur le terrain. Le seul moyen d’avoir des nouvelles du pays c’est d’écrire et d’attendre des lettres. Nous les partageons, et souvent nous les lisons ensemble parce que toutes nous parlent de la même chose, du monde, du monde auquel nous avons appartenu et dont nous sommes à présent exclus. Les mots prennent une importance, une saveur, une valeur nouvelles, quand il ne restent plus qu’eux pour exprimer nos sentiments ; jamais je n’avais écrit à ma mère que je l’aimais. Pourtant les mots ne suffisent pas. Celle que j’aime, celle qui donne leur seul but à mes pas, celle dont mon casque porte le nom, sait « qu’on peut aimer quelqu’un pour ne pas avoir assez de mots pour l’exprimer » et malgré cela malgré le manque de mot, notre relation survit.

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