mardi 7 avril 2020

L’étranger (Albert Camus)



Condamné à mort, Meursault. Sur une plage algérienne, il a tué un Arabe. À cause du soleil, dira-t-il, parce qu'il faisait chaud. On n'en tirera rien d'autre. Rien ne le fera plus réagir : ni l'annonce de sa condamnation, ni la mort de sa mère, ni les paroles du prêtre avant la fin.
Comme si, sur cette plage, il avait soudain eu la révélation de l'universelle équivalence du tout et du rien.
La conscience de n'être sur la terre qu'en sursis, d'une mort qui, quoi qu'il arrive, arrivera, sans espoir de salut. Et comment être autre chose qu'indifférent à tout après ça ?
Étranger sur la terre, étranger à lui-même, Meursault le bien nommé pose les questions qui deviendront un leitmotiv dans l’œuvre de Camus.

De La Peste à La Chute, mais aussi dans ses pièces et dans ses essais, celui qui allait devenir Prix Nobel de littérature en 1957 ne cessera de s'interroger sur le sens de l'existence. Sa violente mort en 1960 contribua quelque peu à rendre mythique ce maître à penser de toute une génération.


L’étranger de Camus, livre maudit et admiré par tant d’élèves aux lycées, par sa simplicité à lire et sa complexité à comprendre ?

Suite à une critique de notre amie Isa, Nadou et moi-même nous sommes mis en tête de le lire ou de le relire, car il m’a semblé en retrouver des traces dans mes souvenirs.

Histoire en deux parties, l’avant, l’après meurtre de l’Arabe qui tombe comme inadvertance sur Meursault. Quel homme antipathique, ou plutôt insensible ou inerte à tout ce qui l’entoure. Un homme bizarre mais peut-être tout simplement taiseux comme beaucoup d’hommes savent l’être. Il n’est pas le seul à vivre ainsi en dehors de sa vie, de sa société. Il vit tout simplement sans vraiment de désirs qui le prennent aux tripes. Insensible ou alors ne lui a-t-on pas appris à ressentir des sentiments. Tout est indifférerence ou alors ne sait-il comment répondre à ceux qui l’entoure.

J’ai eu du mal avec la première partie par sa monotonie, la mort de sa mère et pourtant il dit maman, ce soleil qui lui tape sur la tête, et lui donne le vertige, il ne ressent rien….son rapprochement avec son voisin Raymond, grande gueule et maquereau notoire qui l’embarque dans ses embrouilles, il se dit son copain…. Sa rencontre avec Marie, son désir pour cette jeune fille toute fraîche mais il ne sait dire s’il l’aime ou pas, s’il veut se marier ou pas. Il dit oui parce qu’il lui semble normal de dire oui. Très particulier ce Meursault. Et là le meurtre de l’arabe, sur une plage … pourquoi parce que le soleil lui tapait trop sur la tête !!!! C’est ainsi qu’il voit la chose.

La deuxième partie m’a semblé plus dynamique mais toute aussi complexe. La prison, le procès. La compréhension d’un homme par les autres hommes passe par des échanges de paroles, Meursault lui semble indifférent, il dit ce qu’il pense de manière concise sans émotions. Mais sans émotion que restent-ils aux autres pour comprendre. Tout est sujet à interprétations.

Je viens de lire ce livre en à peine deux jours, il est court, tout comme les phrases insignifiantes dans l’égrainage des choses quotidiennes, parfois quelque chose se produit qui rompt l’ennui, l’ennui de la vie de Meursault. Est-il heureux, ressent-il du bonheur ? On en doute. Mais c’est sa vie. Qui sommes-nous pour en juger. Il se sent à côté de lui, à côté de la société. La société le juge, mais la société a-t-elle raison ? Vaste sujet. !!!

A la lumière de cette relecture, je dois dire que j’ai aimé ce petit livre. Sans coup de cœur mais avec intérêt. Au cours de la vie on rencontre ainsi des personnes qui semblent ne rien ressentir et ne sont pas sur la même longueur d’ondes que nous. A notre époque je pense que la justice aurait convoqué les experts psychiatriques, on l’aurait jugé sociopathe, asocial, pervers narcissique ou que sais-je encore ? La nature humaine est complexe et souvent incompréhensible. Et puis que vaut la vie ? Est-elle absurde en elle-même ? A quoi servons-nous sur cette terre ? Camus devait se poser beaucoup de questions sur le sujet. Et il nous les pose à travers ce court roman mythique qui a fait son succès...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire