dimanche 14 février 2021

Pour ma sœur (Louis Mercadié)

Employée chez un médecin l'hiver et pour les récoltes de fraises l'été, Mathilde ne reçoit plus de nouvelle de sa mère, restée au village voisin. Inquiète, elle décide de s'y rendre et apprend la terrible nouvelle : Jeanne est décédée, et la petite qu'elle venait de mettre au monde a été confiée au couvent. Mathilde, qui découvre alors qu'elle a une demi-sœur, tente de la retrouver, mais l'institution religieuse lui refuse tout contact. Parallèlement, Olympe grandit de couvents en familles d'accueil : quand elle apprend à son tour l'existence de Mathilde, elle fera tout pour la retrouver. Le destin remettra-t-il les deux sœurs sur le même chemin ? Ensemble, elles pourraient faire la lumière sur l'étrange mort de leur mère, et sur les pratiques obscures du couvent... 


Avec « Pour ma sœur », je découvre l’écriture de Louis Mercadié que je trouve fort intéressante. La narration est agréable et fournie, l’auteur nous parle de sa région avec passion.

L’histoire démarre en 1940, Jeanne, jeune veuve et sa fille Mathilde se posent à Saint-Just-d’Aubrac petite bourgade des Monts de l’Aubrac qui s’étendent sur trois régions : l’Auvergne, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. C’est la misère mais elles sont heureuses ensemble. La jeune fille se place comme servante à Saint-Geniez-d’Olt dans la vallée. Elle aura plusieurs employeurs, c’est la région des fraisières qui ont eu grand succès à cette époque : les fraises qui y sont produites sont exportées à travers tout le pays.
Mais un drame va perturber tout ce bonheur, après la mort de Jeanne, Mathilde perd la trace de sa petite sœur. Rancœur, malveillance, la petite famille n’était pas bienvenue dans ce petit village, on ne les connaissait pas et Jeanne rejetait la religion après la mort de son mari.

Mathilde n’aura de cesse de rechercher Olympe. Entre trafic d’enfants au temps du franquisme, intransigeance de la religion, et maltraitance d’enfants et de femmes, ce livre nous livre une société des années 50/60 toute empreinte d’hypocrisie, de violences familiales. Olympe et Mathilde sont comme leur mère, avide de liberté et d’amour. Ce sont des femmes de caractère qui savent ce qu’elles veulent.

Très belle histoire que celle ci, à la fois violente et douce. Où la volonté de justice et d’aimer porte deux jeunes femmes à se surpasser.

De plus l’auteur nous raconte un tas d’anecdotes de la région fort intéressantes : les fraisières comme on les nomme, ont un impact fort sur la population, tous ceux qui le peuvent en ont une. C’est le poumon agricole et productif de la région : Les foires agricoles, les fêtes locales, les différents métiers qui en découlent. Mathilde fera connaissance de Baptiste, un lenguejeyre sorte de rebouteux très efficace et très respecté. Et tant d’autres... les annotations sont très instructives sur le local et les personnalités qui s’y rattache. A travers ses écrits, on sent tout l’amour de son pays qui anime l’auteur.

Merci aux Éditions de Borée et à Virginie pour ce très beau roman qui vient de sortir le 11 février.

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