vendredi 1 avril 2022

Celle qui parle (Alicia Jaraba)

“Fille d’un chef déchu, offerte comme esclave, elle est devenue l’une des plus grandes figures féminines de l’Histoire.”

XVIe siècle. Malinalli est la fille d’un chef d’un clan d’Amérique centrale. Peu de temps après la mort de son père, elle est vendue à un autre clan pour travailler aux champs et satisfaire la libido de son nouveau maître.
Un jour, d’immenses navires apparaissent à l’horizon, commandés par Hernan Cortez, obsédé par la recherche d’or. Le conquistador repère Malinalli et son don pour les langues. Elle sera son interprète et un des éléments clés dans ses espoirs de conquête. Elle sera également celle qui aura le courage de dire un mot interdit aux femmes de son époque : non !
Au-delà de la légende, voici l’histoire de la Malinche, vivante, jeune, inexpérimentée, souvent dépassée par les événements, mais avant tout, humaine.



« Celle qui parle » : Malintzil en langue locale, La Malinche dans notre langue. Malinallli, fille du cacique d’Oluta sacrifié au dieux des Atzèques ou Mexicas, est vendue enfant, par sa mère et son beau-père à un clan Maya. Devenue esclave, elle va s’endurcir, apprendre le Maya. Elle a don certain pour les langues étrangères. Entre le Popoluca sa langue natale, elle va déjà apprendre avec son père le Nâhuatl, sorte de langue commune au clans, puis viendra le Maya et l’espagnol. Ce qui fera d’elle la traductrice attitrée de Hernan Cortès quand celui-ci débarquera en Amérique centrale.

Cette bande dessinée est surtout un hommage à cette femme, que la plupart des Mexicains considèrent comme une traître à son peuple.

Il y a très peu de traces de son histoire, ce que l’on en sait viennent des écrits des espagnols. Elle fut la concubine de Cortés, lui donna un garçon et lui permit de se faire comprendre des nombreuses tribus amérindiennes qui combattaient les Aztèques. Ces derniers ayant envahi une grande partie du territoire, les autres clans subissaient leur joug. C’est de cette rancœur que Cortès sut tirer partie pour faire tomber Moctezuma, l’empereur Aztèque à Tenochtitlàn.

C’est l’histoire d’une petite fille que rien ne prédestinait à un tel destin qu’Alicia Jaraba nous raconte. Son incompréhension vis à vis de ces hommes venus de l’autre côté de la mer et qui veulent éradiquer ses dieux, sa découverte de la vie, la domination des hommes sur tout ce qui est féminin, sa prise de conscience de ce qu’elle veut maîtriser son destin.

Une bien belle histoire, qui émeut. Car ses choix en font à la fois une paria et une héroïne en son pays.

Les dessins sont très stylisés, des couleurs très chaudes qui nous font bien sentir la chaleur et le soleil qui brûlent cette terre où l’eau est source de vie.

J’ai beaucoup aimé cette reconstitution de la vie d’une femme que je ne connaissais pas du tout. Un pan d’histoire qui nous rappelle l’éradication des peuples amérindiens au nom du profit des royaumes d’antan.

Merci à Babelio et les Éditions Bamboo pour cette belle masse critique privilégiée.

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