jeudi 10 juillet 2025

L’homme au passe-montagne (Régis Guyotat)




Les Trente Glorieuses ? Entre 1958 et 1968, deux millions d’étrangers sont entrés en France. Dans le Loiret, ils sont estimés de 25 à 30 000. La plupart ont été recrutés par l’Office national d’immigration (ONI) au Portugal et dans le Maghreb. Beaucoup viennent de l’Algérie, qui a conquis son indépendance en 1962. Une main d’œuvre bon marché, réclamée par le patronat, pour un pays en pleine croissance. Mais rien n’a été prévu pour leur accueil. A quoi bon dépenser pour eux d’ailleurs, puisqu’ils repartiront bientôt. C’est leur force de travail seule qui intéresse. Dans l’agglomération d’Orléans, ils alignent des heures de travail démentielles, jusqu’à 300 heures par mois dans des exploitations maraîchères, vivent en bidonville, sont la proie des marchands de sommeil, sont confrontés au racisme. Mais le choc pétrolier de 1973 et le chômage qui s’en suit bouleversent la donne : les voici incités à quitter le territoire, alors que le gouvernement vient d’autoriser le regroupement familial. La machine à expulser de la préfecture à Orléans s’emballe. Les Trente Glorieuses ne le furent pas pour tout le monde. C’est la conclusion de ce livre qui se veut une histoire non pas chiffrée, mais humaine de l’immigration.




Avec cet essai/reportage, l’auteur Régis Guyotat nous relate l’immigration d’après-guerre dans la région d’Orléans ainsi que du pays. Entre 1958 et 1968 deux millions de travailleurs étrangers sont recrutés directement dans leurs pays respectifs pour pallier à la main-d’œuvre nécessaire à la reconstruction, l’industrie (fonderie) et les travaux publics en France. Essentiellement des portugais, des maghrébins beaucoup d’algériens qui ont priorité suite aux accords d’Evian.

Le problème c’est que les conditions de logements ne sont pas au rendez-vous comme promis. Ce sont paillasses par terre, commodités inexistantes, bidonvilles qui sont construits à la va-vite.
Des associations se mettent en place pour aider les arrivants à s’intégrer et leur fournir une aide administrative et une aide à l’apprentissage de la langue française.

L’auteur alterne chapitre descriptifs de l’époque et des lois qui se succèdent, avec d’autre plus intimes nous racontant la vie de deux migrants de l’époque, un marocain Mohammed recruté à la SIFA, fonderie orléanaise et Aïssa qui démarre aussi à la fonderie mais enchaîne ensuite sur d’autres boulots. Ils racontent leur quotidien, leurs désillusions et leurs difficultés, du travail éreintant parfois jusqu’à 12 heures par jour/6 jours/7.
Les politiques se succèdent, les lois aussi. Les années 70 voient le choc pétrolier et la volonté de ne plus accepter d’immigration sous contrat. L ‘heure est à l’expulsion. Les constructions d’HLM sont mises en chantier, on déplace comme pour les bidonvilles en périphérie des villes. Concentrant ainsi les communautés.

L’auteur nous livre ainsi une chronologie de faits politiques, de faits divers qui secouent la population orléanaise.

Essai fort intéressant pour son approche de ce que fut l’immigration des trente glorieuses et de cette génération qui a travaillé dans des métiers non voulus par les français de souche et des faits qui en ont découlé.

Merci à Babelio et aux Éditions Regain de lecture pour cette lecture fort instructive de faits que je ne connaissais pas dans le détail

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