mercredi 18 mars 2020

Kristin Lavransdatter (Sigrid Undset)



Kristin Lavrandsdatter défie l'autorité du père adoré quand elle refuse d'épouser l'homme que celui-ci a choisi pour elle. En effet, elle aime Erlend, le chevalier au passé scandaleux. Mais le couple que forment Kristin et Erlend va connaître de orages. La jeune femme, amante passionnée à seize ans, épouse et mère à dix-sept , se retrouve maîtresse du domaine de Husaby. Très vite elle va apprendre à le diriger, à devenir celle sur qui tous et toutes reposent. Jusqu'au jour où ses fils, devenus des hommes, prétendent prendre en main leurs destins. Kristin devra alors choisir entre deux attitudes : céder à l'amertume du désespoir ou croire qu'il est encore possible de donner. Décrivant avec une exactitude féroce les conditions de vie du Moyen Âge scandinave et les débuts du christianisme, Sigrid Undset nous offre le tableau sublime d'une existence tragique, et l'une des plus belles figures de femme que la littérature ait produite. 




Tome 1 – La couronne


Kristin Lavransdatter de Sigrid Undset (auteure norvégienne 1882/1949) est un cycle romanesque comprenant « Kransen » (La couronne le présent volume sorti en 1920. Lui succéderont « Husfrue » (La femme 1921 ou aussi « La maîtresse de Husaby) et « Korset » (La croix 1922).
Avec cette œuvre Sigrid Undset obtiendra le prix Nobel de littérature en 1928.


En compagnie d'Eric76, nous nous sommes décidés à attaquer cette trilogie avec entrain, une intégrale de près de 1100 pages. L'attrait du roman, de l'histoire et de l'Histoire y sont pour beaucoup. Il y a déjà quelques années j'avais lu « Vigdis la farouche » qui m'avait beaucoup plu par l'écriture forte de l'auteure.

Nous voici donc au début du 14ème siècle en Norvège à Joerundgard dans le Gulbrandsdal où les parents de Kristin se sont installés.
La jeune fille va y grandir entourée de l'amour de ses parents.
C'est une vie de grand air, de beauté vespérale, d'amour de la terre. Son père est un homme aisé mais la vie de l'époque est très rude. Les petits enfants ne vivent pas longtemps et Kristin est donc un bonheur pour eux.
La jeune fille évolue dans un domaine où tout le monde travaille dur, les femmes comme les hommes. C'est le monde du Moyen-âge et la religion y a une grande place. Les pays scandinaves ont été évangélisés au 11ème siècle et la vie quotidienne et les mœurs en sont toutes imprégnés.

L'écriture de Sigrid Undsett est toujours aussi belle, forte et imprégnée de poésie. Les descriptions champêtres sont magnifiques, on assiste à une explosion de descriptions de la nature de ce pays scandinave où les nuits peuvent durer plusieurs jours et inversement. Le froid y est présent, glacial et peut causer de graves pénuries qui menacent directement la population.

Mais c'est aussi un roman, où l'amour va révéler une Kristin, forte, déterminée mais aussi fragile. Sa forte imprégnation religieuse la tourmentant.
Ce premier tome nous raconte ses premiers émois et sa révolte et son entêtement à obtenir ce qu'elle veut vis à vis de ses parents.
Il me tarde de découvrir la suite de sa vie auprès de l'homme qu'elle s'est choisi.

Tome 2 – La maîtresse de Husaby

Avec ce tome 2, Sigrid Undset, nous brosse le portrait du mariage de Kristin et d’Erlend, un mariage bouleversé par la passion, les récriminations, ainsi que par l’ Histoire.
Kristin veut créer son foyer, élever dignement ses enfants, nombreux : sept fils. A travers cela elle espère effacer la honte qu’elle a causée à ses parents et à eux-mêmes en n’observant pas les canons de bienséance de l’époque.

Ce qui est intéressant c’est d’assister à tous les us et coutumes de l’époque aussi bien privés que sociétaux. C’est toute la vie de Kristin, maîtresse d’un grand domaine que nous décrit l’auteure. Aussi bien le quotidien d’une grande maison en tant que famille élargie, le couple, les enfants, les serviteurs, toute la maisonnée nous est décrit avec précision. Ainsi que les difficultés pour les femmes de l’époque de donner la vie, chaque naissance est un défi, le décès des mères ou des enfants étant fréquents. Les descriptions sont fortes, poignantes. On tremble pour l’un ou l’autre.

Les personnages principaux sont très attachant avec leurs qualités et leurs défauts, rien n’est blanc ni noir, c’est la vie qu’il faut prendre comme elle vient. Leur psychologie est très fouillée, on se trouve dans leur questionnement de ce qu’il est bon de faire ou pas. Quelle décision prendre, pour un peu on se poserait nous même la question.

La multiplicité des personnages est un peu perturbante, les noms scandinaves n’arrangent pas la chose. Il faut se laisser prendre par l’intrigue et lire attentivement chaque phrase, chaque page. C’est une histoire à la fois simple par l’image de Kristin mais aussi très complexe lorsque l’on rentre dans sa tête. Elle n’est vraiment jamais en repos, son amour d’Erlend et de ses enfants mais aussi de la religion ne lui laisse aucun répit.

Dans la troisième partie de ce tome, l’Histoire s’invite au rendez-vous. La Scandinavie de l’époque est l’union du Danemark, de la Suède et de la Norvège. Un seul roi, donc des troubles et des complots. Erlend, Norvégien va se retrouver mêler à la grande Histoire.

Merveilleuse histoire encore avec ce tome 2.


TOME 3 - LA CROIX 

Et nous voilà au troisième tome de cette superbe chronique. Chronique d’une femme, d’une mère, d’une époque et d’un pays. Chroniques de sa jeunesse, de son amour, de ses maternités, de ses doutes, de ses joies et de ses peines. Toute chose de sa vie est décrite et racontée avec beaucoup de détails et nous entrons de plein fouet dans ses pensées les plus intimes.

Toujours de superbes descriptions de la nature et des domaines de nos héros. Leurs vies sont riches en événements et en coup du sort. Mais ils sont forts surtout Kristin qui porte beaucoup de choses à bout de bras. Erlend son époux, banni de son pays s’installe avec Kristin et ses enfants dans le domaine des parents de son épouse. Ces derniers étaient très aimés et appréciés de leurs voisins mais en revenant chez elle avec sa famille Kristin va vite sentir le rejet et la méfiance de leur entourage. Seul sa sœur Ramford et son beau-frère Simon les reçoivent avec chaleur et affection. Mais les rancœurs et les inimitiés ne sont jamais bien loin et gâchent la bonne entente de la famille.

Où l’on voit aussi les fils de Kristin grandir, et prendre en indépendance. Ils se rapprochent de leur père et quoi de plus normal cherchent à lui ressembler. Kristin à l’âme d’une battante pour son domaine et sa famille, Erlend chevalier de son état est plus un guerrier avec l’attirance de la liberté et de l’aventure. Deux caractères différents mais qui s’aiment profondément. Sauront-ils dépasser leurs différences ?

Une magnifique fresque qui transporte par l’écriture vive et dynamique de Sigrid Undset, elle est tout empreinte de poésie et de la violence de l’époque. Aussi bien violence sociale que familiale avec les heurts et les mésententes entre différentes familles et même dans les familles. C’est une approche de la société réaliste et sans fioritures. On vit vraiment le roman.

Un gros coup de cœur.. Un portrait de femme de sa naissance à sa mort. Beaucoup de ses tourments sont ceux de son époque mais aussi de la nôtre surtout dans son rôle de femme et de mère. Son angoisse pour le devenir de sa famille, de son amour et de ses enfants.

Ce fut une lecture aussi belle qu’exigeante. Chaque chapitre a son attrait et chaque moment aussi intime qu’aventureux à de la puissance dans la narration. Il faut aussi suivre les nombreuses parentés des uns et des autres, leurs inimitiés, leurs alliances et aussi leurs noms à rallonge qui m’ont demandé un certain temps d’adaptation ;-)

L’histoire de Kristin est belle, émouvante c’est une femme de son époque qui malgré la condition féminine au Moyen-Âge vis à vis de son époux et surtout de l’Église s’est comportée d’une manière libre et forte. Elle a pris son destin en main tout en étant très pieuse mais aussi très orgueilleuse. Ce qui l’a rend d’autant plus attachante.

J’ai repéré un autre livre de Sigrid Undset qu’il me plairait bien de lire un de ses jours (en général ce sont de bons gros pavés de lecture) : Olav Audunson…

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