samedi 13 août 2022

Algérie, la conquête 1830 – 1870. Comment tout a commencé (Thierry Nélias)



Été 1830. La conquête de l’Algérie, censée répondre à un coup d’éventail du dey d’Alger au consul de France, est lancée par une monarchie déclinante. Mais que va-t-on faire de cette colonie ?

Après des décennies de tâtonnements, d’hésitations entre régime militaire et civil, Napoléon III débarque en 1860 sur les côtes algériennes et tranche : l’Algérie sera le cœur de son Royaume arabe, un royaume pour partie autonome, pensé dans un certain respect des droits et des coutumes « indigènes ».

Vaincu dix ans plus tard face aux Prussiens, l’empereur, que les natifs appellent le « Sultan Napoléon », n’aura pas le temps d’agir. La toute jeune République opte pour la colonisation totale, fissurant un édifice déjà fragile et ranimant les braises de l’esprit de révolte des autochtones.

1830-1870 : ces quarante années préfigurent l’histoire future et dramatique de la colonie. Riche de multiples sources d’époque, cet ouvrage nous invite à assister à la conquête aux côtés des grands noms de l’armée française et de la résistance arabe, à voir l’Algérie changer au rythme de l’installation des colons et à partager les impressions de voyage des premiers touristes. Il ancre ainsi la guerre d’Algérie dans le temps long, celui d’un passé totalement méconnu.
 




L’Algérie, on sait comment cela c’est terminé, on sait moins comment tout a commencé : Par un mouvement d’humeur du dey d’Alger qui a souffleté le consul de France par un coup d’éventail. Excuse officielle, la vraie raison est que les incursions barbaresques en Méditerranée empêchent tout commerce international.
Du coup la France sous le règne de Charles X, lance une opération militaire pour faire cesser le piratage en attaquant Alger et la côte où se réfugie les pirates.
La conquête est un long chemin de batailles, l’Algérie entre la Tunisie et le Maroc a une population essentiellement tribale et nomade.

Comme le dit l’auteur « il faut remonter aux origines pour comprendre le paradoxe de « l’Algérie française ». Le livre se passe de 1830 à 1870 où différents types de colonisation ont été expérimentés, au début essentiellement militaire, puis mi-civil, mi-militaire, puis une colonisation totale. L’auteur s’appuie sur différentes archives aussi bien militaires que civiles, des souvenirs de soldats, des vies de colons, des journalistes, des articles de presse.

Il est intéressant de lire ces articles ou ces tranches de vies du moment. On a l’impression d’y être.
L’information est essentiellement européenne, les archives écrites étant moins documentées du côté arabe.

J’ai trouvé ce livre fort intéressant, car s’y déroule la plupart des batailles, des enjeux, des décisions prises heureuses ou malheureuses pour un partie ou l’autre.
La guerre n’est jamais belle, la colonisation était une option courante pour accéder aux ressources naturelles et aux nouvelles terres à exploiter.
On y découvre les méthodes du Général Bugeaud adversaire de l’émir Abd el-Kader qu’il vainc en 1837. Il devient ensuite Gouverneur général de l’Algérie en 1840. Il adapte ses troupes aux conditions de la guerre africaine et allie la conquête militaire aux réalisations administratives.

D’autres hommes vont se faire un nom et une carrière en terre d’Algérie, le duc d’Aumale, le fils de Louis Philippe dont une ville portera le nom, le général Jean-Auguste Margueritte qui très jeune suivit son père gendarme à Kouba. L’enfant apprend l’arabe et très vite est engagé comme interprète. Sa carrière l’amènera a être un bâtisseur. Il s’occupera de la construction de routes, de villages, il rend carrossables des centaines de kms de routes et surtout il met en place des systèmes d’irrigations et des réseaux de puits artésiens qui vont permettre la distribution de l’eau aussi bien aux hommes qu’aux cultures.

Un livre en deux parties essentielles : la conquête puis la colonie et son administration.
C’est surtout une succession de témoignages qui nous montrent comment fonctionnait du côté européen cette colonisation.
Beaucoup de dissensions sur les méthodes de colonisation et d’administration, aussi bien militaires que civiles. Le livre s’arrête en 1870, à la défaite de Sedan et l’abdication de Napoléon III qui ne voulait pas d’une colonisation totale.

Un livre fort diversifié et intéressant. Il contient de nombreuses informations sur ce début de colonisation, et les témoignages reflètent bien les difficultés et différents du moment.

Je remercie Babelio et les éditions Vuivert pour cette fort intéressante masse critique.

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