jeudi 11 avril 2019

Algérie – Les oubliés du 19 mars 1962 (Alain Vincenot)



Signés le 18 mars 1962, les accords d’Évian, censés mettre fin à la guerre d’Algérie, prévoient un cessez-le-feu le lendemain à midi, les deux parties s’engageant à « interdire tout recours aux actes de violence, collective ou individuelle ».
Il n’en sera rien. Aussitôt, massacres et enlèvements se multiplient pour pousser les pieds-noirs au départ. En quelques semaines, plus d’un million d’entre eux n’ont d’autre choix que « la valise ou le cercueil ».
Les « oubliés du 19 mars » se comptent par dizaines de milliers. De nombreux civils disparaissent sans laisser de trace. Plus de 80 000 harkis, abandonnés par la France, sont exterminés. Entre les accords d’Évian et le 5 juillet 1964 – date du retour en métropole des derniers contingents – près de six cents soldats sont tués ou enlevés en Algérie.
Retraçant les étapes du « grand gâchis » que fut la guerre d’Algérie, cet essai donne aussi la parole aux proches des oubliés. Ils évoquent les souvenirs douloureux de leurs frères, pères, maris…
Autant de récits qui témoignent, aujourd’hui encore, d’une réticence manifeste des gouvernants à faire la lumière sur ces disparitions.


Alain Vincenot, journaliste, écrivain, est l'auteur de La France résistante, histoires de héros ordinaires (Syrtes, 2004), Je veux revoir maman : des enfants juifs cachés sous l'Occupation (préface de Simone Veil, Syrtes, 2005), Les Larmes de la rue des Rosiers (préface d'Elie Wiesel, Syrtes, 2010). Les éditions de l'Archipel ont publié Vel' d'Hiv : 16 juillet 1942 (préface de Serge Klarsfeld, 2012), Pieds-noirs : les bernés de l'Histoire (préface de Boualem Sansal, 2014) et Rescapés d'Auschwitz (2015).


Il y a cinquante sept ans, étaient signés les accords d'Evian mettant fin à la guerre et aboutissant à l'indépendance de l'Algérie, ancien département français.

En effet l’Algérie est française depuis 1830 et est organisée en trois départements depuis 1848: l’Algérois, l’Oranais et le Constantinois. Au début des années 1950, elle est peuplée par environ un million d’Européens (les pieds-noirs) et par environ 8,5 millions de musulmans.

Le lendemain de la signature des accords, malgré les négociations entreprises précisant « qu'aucun acte de violence, collective ou individuelle ne seraient commises à l'encontre de la population », on assiste à une multitude de massacres et d'enlèvements. Population française, harkis, force de l'ordre tous sont ciblés. Et force est de reconnaître que la terreur se faisant, près d'un million de pieds-noirs sont forcés à s'exiler dans leur propre pays, la France.

Cet essai est constitué de deux parties :

La première ayant pour titre « Les grandes étapes du grand gâchis », nous rappelle les grandes lignes de cette guerre qui dura près de 8 ans et où une grande partie du contingent militaire fut envoyée pour maintenir l'ordre. On y retrouve les grands discours des dirigeants de l'époque, des généraux en place, du Général de Gaulle à partir de 1958.

Où l'on voit l’ambiguïté d'un pouvoir politique qui promet d'un côté et retire de l'autre. L'espoir suscité par de beaux discours vite remplacé par la désillusion et le désespoir de la réalité.
On ne peut juger qui est coupable de telle action ou d'une telle autre. Le sang appelant le sang.

Ce livre a le mérite de rappeler le drame vécu par tous ces hommes, femmes et enfants, pieds-noirs, harkis, chrétiens, juifs qui furent tués, enlevés sans trace aucune. Une histoire méconnue, occultée. Je dois dire que j'avais cinq ans à la signature des accords d'Evian, et je n'ai commencé à comprendre ce qui c'était vraiment passé qu'à travers les témoignages de quelques amis pieds-noirs rencontrés sur mes lieux de travail. Je me rappelle à l'époque dans les années 80, je tombais des nus. Comme quoi, on ne connaît jamais assez l'histoire de notre pays. La guerre d'Algérie, oui je l'avais lue et entendue, mais les exactions qui ont eu lieu pendant et après sur la population pieds-noirs et harkis ainsi que sur les militaires en place étaient plus ou moins passées aux oubliettes.

Dans la seconde partie du livre, tout aussi poignante, l'auteur rassemble des témoignages pour raconter les destins brisés de 11 Français oubliés, civils ou militaires, disparus entre août 1957 et septembre 1962 et que l'on n'a jamais retrouvés. Aussi bien des pères, des frères, des fils. Les recherches des familles, les réponses évasives et hautaines des autorités qui ne voulaient vraiment pas s'en mêler. Les militaires enlevés, déclarés déserteurs par les autorités militaires alors qu'ils avaient été tués.

Très poignant, émouvant. Des familles qui ne s'en sont jamais remises. Des reconnaissances des oubliés par différents gouvernements, occultés par d'autres.
Une période triste, cruelle et fratricide. Une grande émotion à cette lecture.

Merci aux éditions l'Archipel de m'avoir permis de lire ce livre témoignage et hommage aux oubliés du 19 mars 1962.

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