lundi 21 juin 2021

Ceux qui avaient choisi (Charlotte Delbo)


Vingt ans après sa déportation, une rescapée des camps de la mort rencontre un universitaire allemand qui a servi comme officier sous le régime nazi. À travers leur dialogue, qui oscille entre confrontation et séduction, la pièce interroge la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et, avec elle, la responsabilité individuelle et collective face à l'une des pages les plus sombres de notre Histoire. Pièce singulière écrite par l'une des grandes figures de la Résistance, témoignage pudique autant que cruel, cette œuvre brosse le portrait de deux âmes éprouvées par la barbarie



Charlotte Delbo, l’auteure de cette courte pièce de théâtre écrite en 1967, est née en 1913 et décédée en 1985. Elle est une femme de lettres qui avec son mari s’engage dans la résistance dès le début de la seconde guerre mondiale. Son époux est fusillé au Mont Valérien et elle est déportée à Auschwitz et Ravensbruck.
Une grande partie de son œuvre littéraire témoigne et raconte ce qu’elle a vu et vécu dans les camps de la mort.

« Ceux qui avaient choisi » a un caractère autobiographique, elle met en scène trois personnages principaux : Françoise (le double de Charlotte), Werner, un ancien officier allemand et en rétrospective Paul, le mari fusillé de Françoise.
Françoise raconte la guerre et ses horreurs, elle française, résistante, communiste et déportée. Lui est un ancien officier allemand, 50 ans, universitaire qui écrit des livres sur la culture grecque.

La question finalement de cette pièce est : peut-on se parler vingt ans après de telles épreuves, peut-on pardonner, du moins accepter l’autre dans ce qu’il a vécu, dans ce qu’il a fait, ou pas fait. La culpabilité, la maladresse de Werner, hérisse Françoise. Elle ne pardonne pas, mais elle ne veut plus haïr.
Dans son esprit, c’est Paul son défunt mari qui prend toute la place. Tout son amour est pour lui. Au fil de la conversation, ils se confient tous deux, Werner voudrait continuer la relation, Françoise ne le veut pas.

Une pièce très percutante, qui émeut, touche au plus profond de soi. Les sentiments sont mis à nus. Françoise est d’une grande dignité mais elle souffre encore très profondément de tous ces évènements. Werner dans son désir d’exprimer son repentir, sa culpabilité se montre finalement très maladroit. Il réveille les souvenirs de Françoise. Ce sont deux écorchés vifs qui ont du mal à se reconstruire.

Ce fut vraiment très émouvant à lire, ça prend au cœur et à l’esprit. Les mots touchent, on ressent leur mal être à tous deux. Une a choisi d’agir, l’autre non….

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